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Le jour se leva, d’une aube brillante et l’air chaud et déjà moite. On partagea le pain, on fit boire l’ânesse qu’on re-chargea, et le trio s’en fut dans le matin et le bourdonnement des insectes. “Imagine,” dit Aaradhya, “que tu as voyagé loin de ta maison et que tu te retrouves dans un étrange village de marchands. On est le soir, et tu as faim. Tu apprends que le cuisinier peut te servir du ragoût mais qu’il a besoin en échange de lentilles rouges, de feuilles de curry, et d’eau ; le fermer te donnera les lentilles mais il a besoin de graines et d’emprunter un boeuf...” Dans le village hypothétique d’Aaradhya il y avait aussi des marchands qui contrôlaient des entrepôts remplis à ras bord de toutes sortes de choses utiles, d’objets produits par des commerçants et dont les autres avaient besoin—épices précieuses, solides planches de bois, bonnes scies, barils d’huile pour les lampes. Les marchands appartenaient à une guilde respectée nommée DAO. “Les Organiseurs des Archives Domestiques,” expliqua Aaradhya. “Leur seule fonction est de stocker, gérer, et aller chercher des Objets de Valeur...” Tandis qu’elle parlait, Aaradhya décrochait différents éléments du fardeau de l’ânesse, les utilisant comme accessoires. Tarun écoutait. Le grand-père marchait devant eux avec son parasol, sans rien dire, bien que parfois il hochait la tête en assentiment ou la secouait de désaccord. Quand ils s’arrêtèrent pour manger il tira Aaradhya sur le côté. “Vous enseignez par métaphore.” “C’est ainsi qu’enseignait mon maître C++. Il disait souvent : un système informatique est une civilisation d’objets.“ “Très joli. Mais quand le garçon sera en entretien pour trouver un apprentissage ils ne lui demanderont pas de réciter des proverbes. Il doit savoir comment construire des choses.” Aaradhya fit signe au garçon, qui nourrissait l’ânesse. “Tarun,” appela-t-elle. “Tu es le maire de notre petit village. De riches étrangers viendront bientôt en ville acheter des pots de fer : lequel de nos commerçants devra les fabriquer ?” Le charpentier, qui fait déjà les poignées de pots ? Le joailler, qui travaille déjà le métal ? Le potier, qui fait déjà des pots d’argile ?” “Aucun de ceux-ci, Madame,” dit Tarun. “Le village a besoin d’un quincaillier.” “Peux-tu expliquer pourquoi à ton grand-père.” “Parce que personne ne pensera à demander à un charpentier s’il cherche un pot de fer.” Aaradhya se tourna vers le grand-père, un sourire de satisfaction au coin des lèvres. “La plupart de ce dont il a besoin est déjà en lui. Le reste n’est que de la syntaxe.” Traduit par Sylvain Abélard. Un extrait de The Codeless Code, par Qi (qi@thecodelesscode.com). Distribué sous la Creative Commons Attribution-NonCommercial 3.0 Unported License. |