Many thanks to Tristan Morris for creating a beautiful illustrated hardcover print edition of the site |
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(Sorry, this page has not been translated by the translator you selected.) Maître Bawan menait un initié sur les terres du temple. Ils finirent par arriver dans le Hall des Heures Perdues, où les abbés tenaient leurs réunions du matin. Bawan montra les quatre piliers de chêne massif qui soutenaient la plus ancienne partie du hall. Sur chacun étaient gravées des scènes de la vie du temple, du sol aux hauts plafonds, sur chacun des quatre côtés. Les formes complexes étaient d’un réalisme si saisissant que le moine pouvait presque entendre claquer les abaques. “Ceux-ci ont été façonnées voici deux cents ans par un moine de notre ordre,” dit Bawan. “Cela lui a pris six ans, travaillant chaque nuit au marteau et burin, son ouvrage illuminé seulement par la lumière clignotante d’un tube cathodique.” Plus bas, ils rencontrèrent un autre carré de quatre piliers, en tous points semblables au premier carré. “Ceux-ci ont été faits voici une centaine d’années par les moines du Néfaste Clan du Go-To, qui fut banni depuis,” dit Bawan. “Ils ont utilisé un pantographe de bambou fixé à un routeur électrique pour répliquer les originaux. Cela leur a pris six mois, travaillant à la lumière d’un CRT mis au rebut, sur lequel tournait la Fontaine d'Anantha.” Plus bas ils arrivèrent à un autre carré de quatre piliers, encore plus fidèles aux originaux. “Ceux-ci ont été créés voici cinquante ans par trois nonnes du Clan des Empreintes de l'Éléphant, qui se chargent de nos bases de données et conservent notre histoire,” dit Bawan. “Les nonnes ont tracé les contours des originaux et ont alimenté ces coordonnées dans une machine à usinage programmable. Les mesures ont pris six semaines ; la gravure, quelques jours.” Ils atteignirent enfin le nouveau portique sud, soutenu par un dernier carré de piliers, qui ressemblaient tant à l’original que la moindre marque de coups de burin légèrement décalés avait été fidèlement reproduite. “Ceux-ci ont été installés voici dix ans par un de nos stagiaires d’été,” dit Bawan. “Il a photographié les originaux avec des appareils de photographie numériques haute résolution, combiné les données dans un maillage topographique en trois dimensions avec une résolution en dessous du millimètre, et a confié la réalisation à une usine de la province voisine. Six jours, du début à la fin.” Bawan s’arrêta devant l’initié. “Lequel de ces ensembles de piliers porte la plus grande valeur pour le Temple ?” Le moine réfléchit et dit, “Ceux qui n’existent que sous forme de données pures, que le stagiaire a rassemblées. Car bien qu’ils ne possèdent ni hauteur, profondeur ou poids, c’est à partir d’eux que l’on pourrait refaire tous les autres piliers.” Bawan s’inclina et guida le moine vers la sortie. La même nuit, Bawan marchait seul à la lanterne à travers les archives de matériel du Clan des Os de Fer, dans les caves les plus profondes sous leur abbaye. Trouvant enfin le mainframe VAX qu’il cherchait, Bawan connecta un terminal VT100 poussiéreux, appuya sur le bouton pour l’allumer, et ouvrit un fichier de code source en C qui n’avait pas été compilé depuis un quart de siècle. Bawan nota avec satisfaction la parfaite indentation des instructions, la clarté évocatrice des noms de variables et de fonctions, l’exhaustivité dans les commentaires qui documentaient chacun des paramètres. Il sourit devant quelques commentaires TODO et FIXME : l’appel vers un futur qui ne répondrait jamais. Puis il fit défiler vers le haut du fichier, où apparaissaient fièrement son propre nom et son adresse email. “Cet initié n’avait qu’à moitié raison,” dit Bawan à l’espace vide. “C’est vrai, la valeur n’est pas dans la gravure du chêne, mais elle n’est pas non plus dans la forme qui est sculptée ; car même si l’on perdait les piliers tant réels que virtuels, le Temple n’en serait pas plus pauvre. Mais quand le bois cède devant le métal, il est une autre chose qui se forme et se construit, et cela est : l’artisan.” Note du TraducteurCraftsmanship, traduit artisanat, se comprend ici avec l’idée du sérieux et de la maîtrise de l’artisan, avec l’expérience, la compétence et la fierté qu’il met dans son ouvrage. Traduit par Sylvain Abélard. Un extrait de The Codeless Code, par Qi (qi@thecodelesscode.com). Distribué sous la Creative Commons Attribution-NonCommercial 3.0 Unported License. |