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Cas 168

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Comme leurs apprentis respectifs s’étaient retirés pour la nuit,
les maîtres Suku et Yaqqana parlaient près du feu
dans le petit monastère de Yaqqana.

- - -

Yaqqana dit : Comparons les manières de nos temples,
afin de voir ce que nous pouvons apprendre l’un de l’autre.

Suku répondit : Nous sommes parfaitement d’accord là-dessus.


Yaqqana dit : Nos systèmes sont bâtis de multipls composants,
chacun en couche comme la terre elle-même :
la persistence est notre fondation de pierre,
la couche métier est la terre fertile,
la présentation est la fleur odorante
qui enchante le monde et le ciel.

Suku répondit : Nous faisons de même.


Yaqqana dit : Nos conceptions sont guidées par trois principes :
les composants ont aussi peu de liens que possible entre eux,
une cohésion forte au sein d’eux-mêmes,
et de l’encapsulation partout à un développeur croise un autre développeur.

Suku répondit : Nous pensons de même.


Yaqqana dit : Les moyens que nous employons à ces fins sont évidents :
on assigne à chaque moine un composant à la fois,
et il code ses couches selon son bon vouloir.

Suku répondit : En cela, nos chemins se séparent—car dans notre temple,
on assigne à chaque moine une couche à la fois,
mais devra coder sur de nombreux composants différents.


Yaqqana dit : Les vertus de notre voie sont vite vues :
Chaque composant est cohérent en lui-même,
mais une boîte noire pour ses voisins de droite et de gauche.

Suku répondit : Les vertus du nôtre sont tout aussi visibles :
Chaque couche est cohérente sur tout le périmètre qu’elle couvre,
mais reste une boîte noire pour ses voisins d’au-dessus et en dessous.


Yaqqana dit : Votre voie nous tuerait par immobilisme—
car tant de choses doivent se parler avant que du code soit écrit.

Suku répondit : Votre voie nous tuerait par son chaos—
car tant de choses doivent être codées avant que quiconque ne parle.


Yaqqana dit : à la fondation de notre temple,
il s’est fondé sur le respect,
la confiance mutuelle,
la créativité,
et l’indépendance.
Nous faisons confiance même à nos moines les plus médiocres pour livrer du code de qualité,
et cela, je ne le changerais pour rien au monde.

Suku répondit : Et je ne vous en demanderai pas tant.
Votre temple n’est pas notre temple ; vos besoins ne sont pas nos besoins.
Ainsi je pense que nous parfaitement d’accord sur une autre chose,
qui est de nous quitter en bonne amitié.


C’est ainsi que les deux maîtres firent une accolade amicale,
et se souhaitèrent l’un l’autre de faire de beaux rêves.

- - -

Mais après le départ de Yaqqana, quand Suku fut seule,
elle murmura au feu qui mourait :

À la fondation de votre temple, aviez-vous
des maçons pour tailler les pierres des fondations ?
des charpentiers pour scier les poutres ?
des plombiers pour installer les tuyaux ?
et des couvreurs pour poser les tuiles ?
Ou bien cent travailleurs médiocres ont choisi une pièce chacun,
et l’ont intégralement bâtie du sol au plafond ?