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(Sorry, this page has not been translated by the translator you selected.) Après le petit-déjeuner, un novice du Clan de l’Araignée remarqua une file de six moines quittant le temple, palanche à seaux à l’épaule et expression sinistre au visage. Un jeune abbé les suivait de près. Les moines descendirent péniblement par un chemin rocailleux et envahi par les herbes qui serpentait le long de la colline, disparaissant dans une broussaille de pins. Ce même novice vit les moines remontant au temple après le déjeuner. Leurs seaux étaient maintenant bourrés de terre humide et de pierres, mais malgré la lourde charge, chaque frère riait et avait la jambe alerte. Il en fût de même le lendemain, et le jour suivant, et le jour d’après, piquant la curiosité du novice. Comme les six moines portaient la ceinture d’étoffe rouge du Clan du Singe Rieur, le novice se rendit à l’aile de ce clan. L’abbé était assis par terre dans la salle principale, occupé à faire tenir un œuf en équilibre sur le bout. « Qu’en est-il des six moines, et des seaux de terre ? » s’enquit le novice. « Ils sont punis, » dit l’abbé, « pour leur gestion périlleuse d’un module logiciel critique. » Il plongea la main dans un petit sac de sel, en mit une pincée sur le sol, plaça l’œuf dessus, et souffla soigneusement pour disperser le sel. L’œuf bascula. L’abbé soupira, prit une autre pincée de sel, et recommença. « Quel défaut ont-ils introduit ? » s’enquit le novice. « Mu, » dit l’abbé. « Ils n’ont introduit aucun défaut. Pas une seule ligne de code n’a été touchée depuis plusieurs mois. » « Alors quel défaut ont-ils omis de corriger ? » « Mu, » répéta l’abbé alors que l’œuf basculait de nouveau. « Le module fonctionne à la perfection, et continuera sans nul doute pendant de nombreux mois. » Le novice fronça les sourcils. « Je ne vois pas comment on peut faire objection à une chose exempte de tout défaut et de tout changement, ou qualifier sa gestion de périlleuse. » « Toi, le moine ! » tonna une voix derrière lui. Le novice se retourna pour trouver le maître Java Banzen le fusillant du regard. « Demain, tu rejoins la file, » dit Banzen. « La punition est simple, » dit le jeune abbé alors que le novice attrapait sa palanque. « j’expliquerai quand nous arriverons au trou. » Le novice suivit les six frères le long du chemin rocailleux, le jeune abbé fermant la marche derrière lui. Ils s’enfoncèrent dans la forêt en silence. Finalement ils arrivèrent à une large clairière baignée de soleil. Au centre, une immense flèche de pierre s’élançait vers les cieux : elle faisait au moins quatre étages de haut, et était si large que vingt hommes se tenant à bout de bras pourraient à peine l’encercler. « N’est-elle pas grandiose ? » dit l’abbé. « Elle se tient là depuis l’aube des temps. » S’approchant, le novice put voir que la clairière avait été creusée tout autour du rocher, qui était maintenant encerclé d’un vaste fossé. Le dernier échelon d’une échelle de bambou dépassait du rebord. Les moines disparurent tour à tour par l’échelle, n’émergeant qu’un long moment plus tard trempés de sueur, avec une palanque chargée et un large sourire. Finalement, ce fut le tour du novice. Le fossé était profond de plusieurs étages. Alors que le novice s’enfonçait échelon après échelon dans l’abysse, il put voir que la terre avait été creusée non seulement autour du rocher, mais en dessous également. L’entière masse du rocher s’équilibrait dangereusement sur quelques mètres de terre compacte. « Rampe sous le rocher, » cria l’abbé vers le fossé, « jusqu’à la butte sous le centre. Remplis tes seaux de cette terre. Et si j’étais toi, je travaillerais doucement et j’essaierais de ne pas éternuer. » Traduit par Damien Pollet. Un extrait de The Codeless Code, par Qi (qi@thecodelesscode.com). Distribué sous la Creative Commons Attribution-NonCommercial 3.0 Unported License. |