La plus haute aspiration

Le lundi, un novice demanda au maître Banzen : Quelle est la plus haute aspiration ?

Banzen répondit : Savoir tout ce qu’il y a à savoir, de façon à ce que notre code ne puisse jamais être amélioré.

Le mardi, une autre novice demanda à Banzen : Quelle est la plus haute aspiration ?

Banzen répondit : Être toujours entouré de collègues dont le savoir est plus vaste, de façon à ce que l’on soit dans un état constant d’amélioration.

Le mercredi, un troisième novice remarqua que les réponses étaient mutuellement exclusives ; en effet, elles étaient quasiment leurs exactes opposées.

Banzen répondit : Certes.

Le novice, pensant avoir le dessus, demanda donc à Banzen comment procéder pour atteindre la plus haute aspiration.

Irrité, Banzen répondit : Lundi on me demande le plus grand nombre positif ; mardi, le nombre moitié moins grand. J’ai répondu à chaque question en un souffle. Pourtant, si je dois vous montrer comment compter jusqu’à l’un ou l’autre, la lune redeviendra sable avant que nous ayons à peine commencé.

Le novice s’inclina de honte et s’en fut.

Un jardinier—qui taillait le bonsaï sur la table de Banzen—confessa ne pas comprendre en quoi le novice avait tort, puisque les questions du lundi et du mardi étaient effectivement identiques.

Banzen répondit : Ce bonsaï a besoin d’eau autant que le chêne à ma fenêtre.